Le Carré: un avenir meilleur est possible!

Depuis mon dernier article sur le Carré, la situation sur le célèbre quartier liégeois à continuer à animer les débats, en particulier lors du conseil communal du lundi 9 septembre.

Le soir même, L’Avenir publiait cet article où Monsieur le bourgmestre Willy Demeyer déclare à propos d’une heure de fermeture du Carré: « Ce n’est pas la solution préconisée« . Le lendemain, Today in Liege, publie « L’idée d’une heure de fermeture du Carré s’évapore » où Monsieur Demeyer déclare: « Je n’ai jamais dit que c’était la mesure que je préconisais, mais certaines personnes dont c’est le métier ont dit que c’était une solution envisageable« . Marche arrière toute sur cette mesure!

La bonne chose, c’est qu’un dialogue s’est engagé entre les différentes parties. La page Facebook « Non à un couvre-feu dans le Carré Liégeois » et le compte Twitter de Madame Anne Delvaux, conseillère communale cdH, confirme qu’une rencontre sur le terrain à eu lieu avec une discutions constructive.

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Des discutions également entre les cafetiers et le bourgmestre lors d’une réunion le mardi 17 septembre. Constructives ici aussi (vous pouvez lire l’article de LaMeuse ou celui de L’Avenir… qui sont identiques!).

Si chacun s’accorde désormais à reconnaitre les limites d’une heure de fermeture du Carré, il n’en reste pas moins que les problématiques sont présentes et des solutions doivent être trouvées.

De mon côté, j’ai assisté à un Afterwork organisé par le MR-Liège « Un avenir radieux pour le Carré?« . Durant 2h, différents intervenants ont exposés sur trois axes principaux: la sécurité (publique et privée), le commercial et la santé. [Vous pouvez lire mon compte rendu ici]
Si la police commence à se sentir au bout de ses possibilités malgré des plans d’actions précis (modification des patrouilles selon les heures et jours, plan respect 16 tourné vers les jeunes, etc), son représentant estime que la prévention devrait être une priorité (y compris, pourquoi pas, dans les écoles). Prévention soutenue par les services de sécurité privé pour lesquels les patrons de café investissent des sommes importantes malgré les limites d’intervention posées par la loi.
Comme le rappela l’UCM –Union des Classes Moyennes-, la Carré est une zone économiquement importante et porteuse d’emploi, dans laquelle il ne faut pas oublier les commerces non-HORECA. L’UCM qui s’inquiète de la responsabilité pensant presque uniquement sur les cafetiers pour la vente de boissons alcoolisés au moins de 16 ans et du manque d’un véritable contrôle du côté des « Night » ou « DVD shop » (les « pakis »). Leur présence ne présente pas un véritable problème aux cafetiers, plutôt satisfait d’avoir des dépanneurs en cigarettes et chips à proximité. C’est la concurrence déloyale par la vente d’alcools à prix très réduit qui pose un véritable soucis car ils sont consommés en rue et rapidement. Il s’agit souvent d’alcool plus fort et en bouteille… ces fameuses bouteilles « qui volent ». L’occasion de pointer aussi le problème de la propreté et le manque de poubelles dans le Carré.
Des alcools qui, avons-nous appris, modifient fortement les comportements en s’attaquant au système nerveux à tel point que 10% (!) des décès chez les 18-25 ans y trouve directement ou non leur origine! Les effets de l’alcool étant particulièrement aggravés chez les 13-15 ans, le docteur Devos (1) est défenseur d’une tolérance zéro pour l’alcool chez plus jeunes. Pour lui aussi, la prévention, par l’éducation et l’information des jeunes mais aussi des familles, est une des solutions. Ainsi que la réduction des points de vente à bas prix. Le Carré n’est que la pointe visible de l’iceberg car les jeunes (et moins jeunes) consomment de l’alcool aussi dans les kots, les appartements et tant d’autres lieux!
Un projet mêlant prévention et réduction des risques, c’est le label « Quality Night » qui commence à s’implanter dans le Carré (ainsi qu’au Cadran). Comment souvent, c’est les difficultés de financement qui font que cette intéressante initiative n’est pas présente partout dans le Carré.
Beaucoup ont regretté un sentiment d’impunité. Certains auteurs de troubles sont mineurs, les procédures sont différentes des majeurs et les réactions judiciaires ne sont pas toujours assez fermes. La police, au vu de ses effectifs, doit parfois faire le choix de ses priorités d’intervention et les agents de sécurité privé ont un rayon d’action trop limité.
Enfin, il était bon de rappeler que si des personnes passent la nuit dans le Carré c’est aussi parce « qu’elles n’ont pas le choix« ! Celui qui souhaite reprendre les transports en commun plutôt que le volant après avoir bu (choix judicieux!!) doit parfois attendre jusqu’à 6 heures du matin pour trouver un bus!

Quand on voit ses différentes réunions et discutions, on se rend compte que des solutions pour améliorer la situation existent mais que celles-ci dépendent de plusieurs niveaux de pouvoir.
Le Fédéral: Par une adaptation des lois régissant la sécurité privé (tout en se préservant de l’abus de milice privée!), par le contrôle via le SPF économie des « Night / DVD shop » (respect de la loi, problème de concurrence) mais aussi, et surtout, par des campagnes d’information contre l’alcoolisme et sur l’usage de l’alcool devant les plus jeunes. (2)
La Région: En soutenant clairement la mobilité, y compris nocturne ce qui profitera aux fêtards mais aussi aux travailleurs qui ont des horaires décalés!
La Communauté: Par un programme de prévention au sein des écoles.
La Province: Qui doit continuer à soutenir un projet comme « Quality Night »
La Ville: Par différents projets avec la police et les cafetiers mais aussi par des actions simples comme le placement de poubelles dans le Carré car, effectivement, un Carré plus propre sera plus conviviale!
Mais aussi à notre propre niveau: Par notre comportement, notre éducation et celle que l’on donne.

Un sujet d’ailleurs qui n’a pas encore été abordé et qui, selon moi, est aussi important, c’est la responsabilité que nous avons entre nous. Quand je sors avec des ami(e)s dans le Carré (et ailleurs), nous veillons les uns sur les autres par des gestes simples: la surveillance de nos vestes pour éviter les vols, raccompagner à sa voiture une amie et plus globalement éviter de laisser quelqu’un seul, ne pas laisser reprendre le volant celui qui a trop bu, etc… Pourquoi ne pas envisager ici aussi des campagnes de sensibilisations?

La réflexion sur le Carré n’est pas finie mais avec les bonnes volontés des différents acteurs, un avenir meilleur est possible!

 

Notes
(1) Le Docteur Philippe Devos est anesthésiste-réanimateur au CHC, ancien conseiller communal MR de Liège et ancien président de comité de baptême estudiantin.
(2) Concernant le Fédéral et un des points du label « Quality Night », je me demande quand l’un de nos gouvernements va se décider à légiférer sur un accès raisonnable dans l’HORECA à une boisson non alcoolisée. En France, par exemple, un verre d’eau du robinet est gratuit et ne peut pas vous être refusé. En Italie, pour 2 euro ou moins, vous n’aurez pas un verre d’eau mais un litre (ou parfois 90cl mais bon…). Chez nous, je pourrais vous citer de nombreux exemples où la boisson la moins chère est… un verre de bière!
Monsieur Gustin nous expliqua lors de l’afterwork que la mise à disposition d’eau gratuite représente un coût très faible, pourquoi ne pas l’envisager?
 
Pour en savoir plus:
La page Facebook Non à un « couvre feu » dans le Carré Liégeois
Le site du Label « Quality Night »
Le site « Vigilis » pour vous informer sur la sécurité privé ou en cas de problème avec celle-ci
Le site Aide-Alcool
La page avec le compte rendu complet de l’Afterwork du MR-Liège « Un avenir radieux pour le Carré? »

Afterwork du MR-Liège « Un avenir radieux pour le Carré? »

Ce jeudi 19 septembre, j’ai eu le plaisir d’assister à l’afterwork du MR-Liège « un avenir radieux pour le Carré ? » en leurs locaux de Vinave-d-île.

Pour la petite histoire, rien que la salle Jean Gol méritait le détour pour assister à cette réflexion ouverte à tous. D’une soixantaine de participants confirmés sur Facebook, j’en ai dénombré une cinquantaine présents, en dehors des intervenants et modérateurs. Beaucoup et peu à la fois (la faute au match du Standard de Liège?). Certes, plusieurs conseillers communaux et provinciaux ainsi que des sympathisants du MR étaient là mais aussi quelques autres personnes intéressées par la problématique. En particuliers, on notera la présence de conseiller communal Ecolo, Quentin le Bussy.

Annoncé à 18h30, l’afterwork débuta avec seulement 10 petites minutes de retard par un mot d’ouverture de Michel Péters, conseiller communal MR et modérateur, qui insista sur « l’esprit liégeois unique au monde » et présenta les différents intervenants.

Le premier à prendre la parole fut le représentant de la Police de Liège, Frédérique LAMBINON, inspecteur principal.

Il nous expliqua le fonctionnement des patrouilles dans le Carré et en particuliers les jeudis, vendredis et samedis de 22h à 7h où celle-ci sont renforcées et appuyées par un centre de gestion.
Les types d’intervention de la police représentent un panel complet allant du simple contrôle d’identité à des violences graves en passant par les faits de drogues et beaucoup trop d’autres. Le P.A.B. (Peloton Anti-Banditisme) fait d’ailleurs partie des unités intervenantes sur place.
Durant la journée, un plan d’action spécifique, « Respect 16 », est mené par des unités en civil dans le but de surveiller les plus jeunes qui brossent les cours et/ou consomment de l’alcool.
La police note que la gravité des faits augmente vers 2-3h et s’inquiète aussi du phénomène de « proie », des personnes sous influence d’alcool, qui se font plus facilement volées ou agressées (y compris sexuellement).
Avec un coût de 500.000 euro/an, les policiers estiment être arrivés au bout de leur possibilité : les contrôles administratifs par exemple, prennent beaucoup de temps et les inspecteurs effectuant ces démarches ne sont plus sur le terrain.
L’inspecteur principal reconnait que le seuil de tolérance au sein du Carré est plus élevé et adapté aux circonstances.
Pour le futur, la police continuera des formations adaptées pour les inspecteurs opérant dans le Carré. L’inspecteur Lambinon nous informa aussi que des modifications au niveau légal sont en cours d’études.

Toujours sur le thème de la sécurité est intervenu ensuite Antoine BINI, connu comme patron de la Cour Saint-Jean, il est détenteur d’une autorisation d’organiser un service interne de gardiennage.

De façon globale, Monsieur Bini a reconnu que les faits de violence sont en augmentation. Le recours à la violence est toujours plus rapide et avec plus de force qu’auparavant, raison pour laquelle de nombreux cafés du Carré ont désormais des « portiers ». Il note que ces phénomènes ne sont pas propres au Carré mais reposent sur un véritable problème d’éducation. La densité de population au m2 dans le quartier expliquant aussi l’augmentation des infractions en comparaison à d’autres lieux.
L’estimation du coût, dans le Carré, de la sécurité privée est de 858.000 euro/an hors coût du matériel de surveillance vidéo.
La loi sur la sécurité privée qui limite fortement l’action des agents de gardiennage qui, au final, peuvent moins intervenir que ne le pourrait un citoyen lambda pose pour lui un problème. La situation des terrasses pour l’intervention des « portiers », par exemple, manque de clarté (d’autant que la Ville mène actuellement une « chasse aux terrasses »).
Ce manque de possibilité d’action laisse, selon lui, un évident sentiment d’impunité d’autant que les poursuites au niveau judiciaire n’ont pas toujours lieu mais il se félicite de la collaboration avec la police (qui pourrait encore être améliorée).
Ses demandes portent avant tout sur la prévention.

Pour parler de l’aspect économique, Valérie SARETTO, secrétaire générale de l’UCM Province de Liège, prit la parole.

Son premier constat, Madame Saretto le fera en tant que maman, remarquant que la fête se fait de plus en plus tard et que la violence y est toujours plus présente.
Pour l’UCM, le secteur HORECA en général, et dans le Carré en particulier, est important, tant économiquement que pour l’emploi.
Elle regrette cependant la responsabilité qui pèse sur les commerçants de vérifier l’âge légal pour la consommation de boissons alcoolisées en s’interrogeant sur les réelles possibilités de contrôle au quotidien (un « grand » pouvant acheter un alcool qu’un « petit » consommera).
L’UCM souhaite que ne soit pas exclus de la réflexion les autres commerces présents dans le Carré.
Comme l’un des principaux problèmes semble provenir de « Night Shop » / « DVD Shop », elle regrette le manque de contrôle du SPF Économie envers ceux-ci, particulièrement concernant le jour de fermeture et les ventes/locations réelles de DVD qu’ils effectuent.
Sur ce point, elle pense que des règlements communaux pourraient aider en influençant les lieux d’ouverture de ce type de commerce, utile pour dépanner les gens mais n’ayant rien à faire dans un quartier avec si peu d’habitants.

Les deux représentants des cafetiers continuèrent la discutions avec la voix de Christophe LECRENIER, patron de l’Embuscade (et du Huggy’s bar).

En premier, il regrette que la mauvaise réputation du Carré fait que certaines personnes ne souhaitent plus y venir.
Comme Antoine Bini précédemment, il regrette l’impunité et les formules « pourquoi porter plainte, demain il est dehors ».
Il fait noter que la loi sur l’usage de la cigarette a changé la donne, plus de personnes se trouvant à l’extérieur des établissements. Les clients fumeurs et en terrasse sont mêlés avec ceux qui se rendent dans le Carré pour consommer un alcool peu cher provenant des « Night/DVD shop » ou avec de réelles intentions de nuire.
De son point de vue, il n’est pas contre la présence de « Night/DVD shop » pouvant fournir cigarettes ou chips pendant la nuit mais regrette la concurrence déloyale que ceux-ci représentent en ce qui concernant la vente d’alcool.
Il souhaiterait d’ailleurs que l’on applique strictement le cadre légale actuel (l’interdiction de consommer de l’alcool en rue).

Reprenant sa casquette de patron de café, Antoine BINI apporta encore un bref éclairage.

Il note que la propreté, le respect et la sécurité sont liés. A ce sujet des discutions, pas toujours faciles, ont eut lieu avec la Ville pour, par exemple, l’entretien des rues et le rejointoyage des pavés.
A propos d’un horaire de fermeture à 3h imposé aux cafés, il nous affirme que, si c’est le cas, dans les 2 mois, son commerce sera fermé.

Le premier intervenant « santé » est le Docteur Philippe DEVOS, anesthésiste-réanimateur au CHC.

Également ancien président de comité de baptême estudiantin, sa présentation sur les dangers de l’alcool sert désormais à informer les nouveaux présidents afin de diminuer les risques lié à l’abus d’alcool.
Le phénomène de « Binge drinking » ou « biture expresse », dont on parle beaucoup, est scientifiquement définie comme boire 5 verres d’alcool en 2h (4 pour les femmes, 1 verre de 25cl de bière, par exemple).
La dangerosité de l’alcool vient du fait qu’il touche tout le système nerveux et, en moyenne, 1,5g/l suffit à modifier fortement le comportement d’un individu (même si ce taux peut varier en fonction de l’inné et de l’acquis). L’alcool augmente les risques d’accident (chute, voiture,…), de comportements dangereux (défis, sexe non protégé,…) et peut devenir létal, pour certaine personne, dès 3,5g/l !
Si le délai entre l’ingestion et les effets monte parfois à 90 minutes, l’alcool est éliminé lentement par notre corps, au rythme d’environ 1 bière/heure, selon les individus.
Ces taux et durées lui font d’ailleurs dire que fermer les cafés à 3h ne changeraient rien, si la consommation d’alcool commence plus tôt, les problèmes se poseront plus tôt.
Des chiffres qui font peurs :
– 10% des décès pour les 18-25 est dus à l’alcool (directement ou indirectement) ;
– 5 à 10% des hommes (3 à 5 pour les femmes) souffrent d’alcoolisme chronique ;
– En Grande-Bretagne, l’alcoolisme chronique a augmenté de 200% chez les 18-24 et de 300% chez les… 65-75 ans !
– Le risque de devenir alcoolique est multiplié par 19 (1900%) si l’on consomme de l’alcool entre 13 et 15 ans, comparativement, il n’est que de 14% pour les 17-22.
Ces derniers chiffres font dire au Docteur Devos qu’il faut lutter contre la consommation d’alcool chez les moins de 16 ans.
Le Carré, nous explique-t-il, n’est que la pointe de l’iceberg concernant cette consommation, comparé à ce que l’on peut consommer chez soi, en kot, etc.
En regard des différents facteurs de risque, il insiste sur l’éducation de la famille (ne pas boire devant ses enfants, les conflits familiaux souvent source d’alcoolisme,…).
Selon les chiffres du CDC (Centers for Disease Control and Prevention, aux Etats-Unis), diminuer les points de vente d’alcool à bas prix baisse la consommation d’alcool.

Dernier intervenant, Monsieur Frédérique GUSTIN, Président et Coordinateur du Réseau liégeois d’aide et de soins en assuétudes.

Dans la lutte contre les assuétudes, il existe 4 piliers : la prévention, la réduction du risque, l’aide / le soin et la répression / police, les deux premiers étant les laissé pour compte en regard des deux autres. La prévention représente seulement 2% du budget de ces piliers.
Bien évidement la politique « du gros doigt » pour des adolescents est inutile, il faut développer d’autres pistes et innover.
Dans le cadre de la réduction du risque, le projet « Quality Night » a été créé. Grâce à des subsides provinciaux (via Madame Firquet, MR), des cafés du Carré (la Cour Saint-Jean, le Déluge et l’Orange Grivrée) ainsi que le Cadran (dont le Studio 22) sont associés à ce projet au départ créé pour les discothèques et festivals. Selon les budgets (ceux-ci manquant), d’autres établissements pourront recevoir ce label dont les différents axes sont :
– De l’eau gratuite (pour éviter la déshydratation due à l’alcool)
– Des préservatifs gratuits ou à prix modique
– Des bouchons d’oreilles gratuits ou à prix modique
– La mise à disposition de brochures d’information sur la santé
– Des alertes rapides diffusées lorsqu’on constate la circulation de produits psychotropes particulièrement dangereux
– La formation d’au moins 50% du personnel en matière de premiers secours, de gestion de conflits et d’information sur les produits psychoactif légaux ou non.

Sébastien BOVY, modérateur et conseiller communal MR, remercia les intervenants qui ont démontré par leurs explications combien la sécurité est un problème large duquel il ne faut pas exclure, tout en le différenciant, le sentiment d’insécurité. Il annonce que le MR va faire des propositions en étudiant plusieurs pistes (caméra, sécurité, prévention, tolérance 0 pour les -16 ans, subvention pour les établissements « Quality Night »,…)

La place fut laissée à quelques questions. La première de Monsieur Bovy à l’attention du représentant de la police pour savoir quel était pour eux le point le plus urgent. Ce à quoi l’inspecteur principal répondit que la prévention devait être une priorité, il confirma d’ailleurs à Monsieur Péters qu’une démarche dans les écoles, si elle était possible, serait une bonne chose.
Le conseiller communal MR Raphaël Miklatzki demanda s’il existait des chiffres précis sur l’âge des personnes causant des troubles dans le Carré puisque le suivit judiciaire d’une personne mineure ou majeure n’est pas le même. Malheureusement, l’inspecteur principal ne possédait pas ce genre de chiffre.
Suite à une expérience personnelle, la conseillère communal MR Diana Nikolic interrogea sur la possibilité de la création d’une zone de collaboration privilégiée entre les agents de sécurité privée et la police.
Dans le publique, on s’inquiéta de la façon dont était contrôlé les « Night / DVD shop ».
Revenant sur l’heure de fermeture des cafés à 3h, le publique interpella sur la méthode d’évacuation du Carré, expliquant également que « si certains rentrent à 6h du matin, c’est aussi parce qu’ils attendent le premier bus » et un autre participant d’expliquer que le prix d’un taxi pour rentrer chez lui, la nuit, est d’environ 50 euro.
Le docteur Devos rappela le rôle touristique du Carré (certains étudiants Erasmus choisissent Liège pour son Carré) et de comparer avec l’Irlande où l’interdiction totale de boire en rue est respectée au point tel de se voir refuser l’accès à certains établissements si l’on enfreint la règle.
L’une des dernières interventions/questions fut celle du conseiller communal Ecolo, Quentin le Bussy, qui, après avoir salué l’organisation du MR, reconnu l’importance de la problématique de mobilité durant la nuit. Il soutînt l’initiative du label « Quality Night ». Il souhaita également qu’on pense aux habitants du Carré et de ses alentours, principalement dans une vision d’avenir globale. Rappelant être lui-même commerçant, il s’inquiéta particulièrement du problème de distorsion de concurrence posé par les « Night / DVD shop » (taxes, accises, …).

Par une brève déclaration de Michel Péters, l’afterwork se clôtura vers 20h40 et nous fûmes conviés par les Jeunes MR à prendre le verre de l’amitié à la Cour Saint-Jean… dans le Carré !

Je vous invite à lire mon article sur le sujet « Carré: un avenir meilleur est possible! »

Poubelles à puce? Moi ça me gratte!

La semaine dernière sur Twitter, j’ai vu passer ceci:

CaptureMPpoubelleEt hier, ceci:

CaptureBHpoubellesAlors avant d’en venir au fond, je tique déjà sur la forme. Ce qu’un conseiller communal (de l’opposition –MR– certes mais quand même!) nous présente comme une réflexion, un journaliste (de L’Avenir) nous le présente comme une certitude (ou presque). D’ailleurs, un autre conseiller communal de l’opposition (Ecolo) s’en étonnera, voici leurs échanges:

CaptureQLBHpoubelles« Ca pose toujours question »… en effet!

Depuis deux jours, les articles (ici L’Avenir) et reportages (ici RTC-Liège) se succèdent.

La situation actuelle, c’est un ramassage en porte à porte avec des sacs de couleurs. Je ne le trouve effectivement pas parfait, je vous en ai déjà parlé. Cependant l’arrivée de conteneurs à puce m’inquiète plus encore. La puce, elle me gratte en questions et inquiétudes!

J’en parle d’autant plus facilement que je connais les deux situations. Ma commune d’enfance, Flémalle, étant passée, elle aussi, aux conteneurs à puce. L’article de Benjamin Hermann est intéressant car qu’il rappelle combien la situation de Liège est différente de sa périphérie par le type d’habitat qui la compose – plus vertical (immeubles à appartements) qu’horizontal (maisons individuelles).

Chaque situation est unique, bien entendu. Il y a des appartements avec balcon et des maisons n’ayant pas de jardin, par exemple. Cependant, globalement, à Liège, il semble que les appartements sans balcon ou avec des mini-balcons sont plus fréquents que l’inverse. On retrouve aussi beaucoup de très petits appartements / studios / kots. Un conteneur prend de la place. Beaucoup de place. Une place que beaucoup de personnes ne possède pas.

L’article nous apprend que plusieurs capacités de conteneurs seront à disposition. Donc autant prendre un petit… Ah ben non, pas vraiment puisque la Ville compte inclure 30 levées/an. Économiquement parlant un petit conteneur que vous sortiriez chaque semaine n’est pas intéressant. Il vaut mieux le garder le plus longtemps possible. Dans le cas de mes parents, ils sortent leur conteneur 1 à 2x par mois environs… mais ils ont un jardin où ils peuvent tenir leurs poubelles (et les odeurs qui vont avec) à l’écart de leur quotidien. Chose qu’il me sera impossible de faire dans mon appartement liégeois.

Quand mes parents sortent le conteneur, ils le font passer par le garage et le laisse sur le trottoir. Moi, je vais devoir me démerder avec les 2 étages et demi d’une cage d’escalier pas particulièrement large! Et encore, je n’ai pas de problème de dos ou de genoux pour l’instant car là, ça sera un autre problème. D’autant qu’après avoir descendu le conteneur…. faudra le remonter! Entre temps, il aura peut-être plu ou neigé avec ce que ça implique… A penser salissure, mes parents, malgré l’usage d’un sac dans le conteneur, doivent le laver régulièrement au tuyau d’arrosage… Je ne vois pas trop comment je vais faire: le porter au car-wash??

Autre point d’inquiétude: la surveillance de mon conteneur. A Flémalle, dans la petite rue de mes parents, c’est tranquille. Moi, j’habite dans une rue commerçante, très fréquenté et chaque semaine, quand je sors mes poubelles, elles sont « complétées« . Ce lundi par exemple, alors qu’aucun voisin n’avait encore sorti ses poubelles, j’ai trouvé ça:

DSC_0065Sac bleu PMC rempli de manière non conforme et laissé ouvert ce qui est aussi interdit

Je pourrais aussi vous parler des jours où des poubelles ont été retournée sur des voitures ou de celui où des personnes en ont dispersées un peu partout dans la rue…

Ce n’est pas uniquement le jour des poubelles mais presque chaque jour, à côté de ma porte d’entrée, que je trouve des déchets, des sacs et autres objets ainsi « abandonnés« .

Qui me garanti que mon conteneur ne sera pas ainsi « complété« ? Qui me garanti que je payerai vraiment MES déchets? Flémalle propose un cadenas (payant!)… qui s’ouvre avec un bête et simple passe très facilement trouvable et copiable pour qui le voudrait! Une solution qui n’en est pas vraiment une!

Dans les côtés positifs du conteneurs, il y a certainement le fait que les dos des éboueurs leurs diront merci! De même, pour eux, il y aura moins de risque d’être blessés qu’avec les sacs. Par contre, alors que ceux-ci se plaignent de plus en plus de l’agressivité des automobilistes à leur encontre, je crains que la situation n’évolue pas favorablement avec les conteneurs. Ceux-ci prennent beaucoup plus de temps à être « levé » que les simples sacs poubelles à être enlevées. La poubelle est ramassée et jetée dans le camion. Le conteneur doit être pris, amené au camion (parfois entre les voitures stationnées – quid des responsabilités en cas de dommages?), fixé, levé et déversé, déposé, « dé-fixé » et replacé là où il a été pris… Il est possible d’en faire 2 en même temps et il y aura moins de conteneurs que de sacs mais les éboueurs n’iront certainement pas plus vite, bien au contraire!
Si Intradel nous explique que le système sera alors plus rapide, garantiront-ils également la préservation des emplois?

Et quand je dis « replacé là où il a été pris« , c’est une formule de style pleine d’espoir car si la situation est comme à Flémalle, les trottoirs deviendront une véritable piste de slalom par des conteneurs laisser un peu partout et surtout n’importe où. Bien sur, si on sait encore circuler car, quand on voit la taille de certains trottoirs, ce n’est pas gagné non plus!

Autre inquiétude: l’environnement. Les chiffres démontrent que les kilos de déchets enlevés dans les communes « à puce » ont diminués. Ce qui est bien avec les chiffres, c’est que selon comment on les présente, ils peuvent raconter une autre histoire. Reprenons le passage sur ce point de l’article de Benjamin Hermann:

CaptureArticleBHpoubelle27 kilos ont disparu mais grâce « à la sortie de gros commerces/entreprises de ces statistiques » (donc chiffres peu fiables puisque les données ont été modifiées) et aussi au compostage à domicile. On en revient à la spécificité d’une ville, d’une zone urbaine. Certains auront la possibilité de le faire, dans leur jardin, sur leur balcon… mais les autres?

Ensuite, que sont vraiment devenus ces kilos triés et disparus? Ont-ils réellement disparus? Ont-ils poussés le long de nos routes, dans les poubelles publiques, voir déposés dans les poubelles d’un employeur (vu!)? Combien de déchets ont aussi pris le chemin des égouts dans un tourbillon de toilettes?

Les questions qui se posent sont nombreuses et auront besoin de réponses. Autre exemple: quel sera le délais pour obtenir ces poubelles à puce? Ce délais sera-t-il raisonnable avec une ville dont une partie non négligeable des habitants sont particulièrement mobiles: les étudiants en kot. Actuellement, il leur suffit d’aller acheter des sacs pour leurs poubelles. Avec le conteneur, qu’en sera-t-il pour eux? (Ainsi que pour tout nouvel habitant bien entendu).
Ou encore: des conteneurs groupés pour les immeubles à appartement: quels en seront les règles précises d’utilisation? Si mon voisin mets 2x plus de poubelles que moi, vais-je devoir payer une partie de ses poubelles? Quels pourraient être les immeubles concernés?

On nous annonce des réunions d’information… Espérons que les horaires et les lieux permettrons au plus grand nombre d’y assister!

La Ville nous promet qu’elle tiendra compte à la fois des spécificités de Liège et de ses habitants. Il faut l’espérer. L’espérer pour la vieille voisine, l’espérer pour l’étudiant dans son kot de 10m2, l’espérer pour la personne à mobilité réduite, l’espérer pour celui qui a déjà bien difficile de boucler ses fins de mois, l’espérer pour les gros immeubles où la vie en communautés n’est pas toujours facile, l’espérer pour chacun d’entre nous!

Les déchets, c’est notre quotidien et je sais que c’est aussi un grand défi à la fois environnementale et économique. Aucune solution n’est vraiment parfaite (j’ai vécu en Italie et je pourrais aussi vous parler des avantages et inconvénient des conteneurs de rue) mais j’ai peur, peur que l’on nous dirige vers une solution qui ne conviendra pas aux liégeois. A suivre donc…

 

Pour en savoir plus:
Article de L’Avenir
Compte Twitter de Benjamin Hermann
Reportage RTC-Liège
Site Internet d’Intradel

Le Carré, ce Gremlin de 3h!

Ce lundi 2 septembre, c’est la rentrée. L’occasion de déposer les petites têtes blondes à l’école avec une larme ou un soulagement, selon les cas. L’occasion aussi pour les politiques de reprendre le devant de la scène. Une interview était particulièrement attendue à Liège: celle d’Anne Delvaux.

Anne Delvaux est une personnalité bien connue en Belgique francophone, elle a présenté des JT sur la RTBF de 1994 à 2007, année où elle a quitté la télévision publique pour rejoindre la politique et le cdH. Élue Sénatrice la même année, elle devient Députée européenne en 2009.

Comme le rappel cet article de L’Avenir, Anne Delvaux est revenue à Liège, sa ville natale, en 2011 dans la perspective des élections communales de 2012. Pour beaucoup, un « parachutage ». Plus ou moins bien vu, selon les cas, y compris au sein même du cdH liégeois où certains s’attendaient plutôt à voir débarquer un « vrai » ténor politique comme Melchior Wathelet (lire ici dans LaLibre).

Placée deuxième sur la liste, elle réalisa un score de 3361 voix soit le cinquième score et le premier pour son parti, Michel Firket en recevant 3089. Premier score d’un parti de la majorité, on aurait pu s’attendre à ce qu’elle devienne Première échevine pour la ville de Liège mais elle a conservé son poste de Députée européenne. Un accord est évoqué dans la presse (voir article de LaMeuse): devenir chef de file du cdH liégeois et, à l’issue de son mandat européen, revêtir une écharpe échevinale à Liège.

Quand on voit la réaction de Michel Firket dans cet article: « rien n’a été décidé hier soir. Ni concernant les futurs échevins du cdH, ni pour le “ leadership ” comme vous dites« , on peut se poser des questions sur la communication du cdH. On peut aussi s’interroger sur Anne Delvaux qui, pendant toute la période précédant les élections, a clamé son amour pour Liège et décide au final de privilégier son mandat à l’Europe (de là à parler des 6000 euro net par mois hors avantage est un pas que je ne franchirai pas… mais qui fut évoqué!).

Depuis, Serge Carabin a été élu à la tête du cdH liégeois, Michel Firket et André Schroyen sont les échevins du parti à la Ville. Anne Delvaux parle de tout ceci et d’un peu plus dans son interview à Gaspard Grosjean.

Dans un premier temps, elle reconnait les divergences de vue au sein du cdH liégeois, en particuliers sur son rôle et sa volonté de radicalement changer le parti (qui pourtant se maintient à Liège au côté du PS). Si elle ne cite pas explicitement Michel Firket, on semble le reconnaitre dans ses déclarations « je parle de gens qui sont là depuis longtemps et qui ne changent pas leurs méthodes » ou « Je rappelle que j’ai effectivement fait le premier score de la liste alors que je n’étais pas tête de liste et que les électeurs attendent le renouveau! »

Ensuite, elle avoue qu’elle souhaite continuer au Parlement européen en 2014: « Il ne faudrait pas encore me faire changer de crèmerie! » Visiblement Liège n’est donc pas la priorité!

On en arrive à cette déclaration qui, déjà, secoue les réseaux sociaux: Elle veut une heure de fermeture pour le Carré (idée déjà lancée par le bourgmestre Willy Demeyer)
Ainsi, Anne Delvaux nous explique que, en juin, elle y a suivi une patrouille de police pendant la nuit pour se faire un avis, entre autre, sur l’insécurité.
De mes bases de formation scientifique, j’ai appris deux-trois choses, dont celle qu’on ne pouvait se faire un avis sur une seule expérience. Madame Delvaux se contente d’une seule! En juin, et donc peut-être un jour de fin d’examens, journée particulière dans le Carré! Autre point scientifique: la théorie de la relativité: le point de vue change la perception. Pourquoi Madame Delvaux n’a-t-elle pas participé à une soirée dans le Carré avec des fêtards et une autre avec des cafetiers/serveurs pour compléter son avis?
Elle nous explique, le plus sérieusement du monde, que, « après trois heures du matin, il y a un basculement: les vols, la drogue, le racket, l’alcool et les dangers du verre. Je n’invente rien, je l’ai constaté. » En fait, le Carré, c’est comme les Gremlins, sauf qu’au lieu de minuit, c’est 3h du matin. Avant, personne ne vole, il n’y a pas de drogue, de racket, d’alcool et le verre n’est pas dangereux. Elle n’invente rien nous dit-elle! Donc essayer de prendre un morceau de verre et de vous couper avec avant trois heures du matin. Si vous vous blessez, c’est que vous n’étiez pas dans le Carré: après sa déclaration, je ne vois pas d’autres explications!
Autre proposition: interdire les verres et les remplacer par des gobelets cautionnés (on vous l’a dit après 3h, le verre est dangereux, c’est un Gremlin!!) Ma première question est: qui va financer cela? Que vont devenir les verres actuels? J’ai du mal à croire que le coût sera nul! Autre point: avez-vous déjà mis une tournée avec des gobelets cautionnés? C’est un véritable bordel! Moi, et je ne suis pas le seul, ça me décourage à mettre des tournées et, bien sûr, à en accepter… Le chiffre d’affaire des cafés du Carré s’en ressentira vite! Redorons le blason du Carré, demande-t-elle. D’accord mais pas en tuant les cafetiers qui le font vivre!

J’ai toujours du mal quand une personne juge sans connaitre. Anne Delvaux a vécu loin de Liège pendant des années, son mandat européen fait qu’elle passe une grande part de son temps entre Bruxelles et Strasbourg. Je me souviens que l’an dernier, pendant les festivités du 15 août, on pouvait croiser Anne Delvaux partout, elle était en première ligne. C’était avant les élections. Cette année, si elle était présente, elle devait être bien cachée! Les fêtes du 15 août, le Carré, cela fait partie de l’âme liégeoise. Il faut certainement changer des choses pour rendre les nuits liégeoises plus sûres pour ceux qui viennent vraiment pour faire la fête dans un esprit positif mais en ce jour de rentrée scolaire, sachez, Madame Delvaux, qu’on ne punit pas une classe entière pour un élève qui pose problème!

Pour en savoir plus:
L’interview complète de Gaspard Grosjean
Les résultats des élections communales 2012 à Liège
Article de la RTBF suite à l’élection de Serge Carabin
Page Facebook Non à un « couvre-feu » dans le Carré Liégeois