Depuis mon dernier article sur le Carré, la situation sur le célèbre quartier liégeois à continuer à animer les débats, en particulier lors du conseil communal du lundi 9 septembre.
Le soir même, L’Avenir publiait cet article où Monsieur le bourgmestre Willy Demeyer déclare à propos d’une heure de fermeture du Carré: « Ce n’est pas la solution préconisée« . Le lendemain, Today in Liege, publie « L’idée d’une heure de fermeture du Carré s’évapore » où Monsieur Demeyer déclare: « Je n’ai jamais dit que c’était la mesure que je préconisais, mais certaines personnes dont c’est le métier ont dit que c’était une solution envisageable« . Marche arrière toute sur cette mesure!
La bonne chose, c’est qu’un dialogue s’est engagé entre les différentes parties. La page Facebook « Non à un couvre-feu dans le Carré Liégeois » et le compte Twitter de Madame Anne Delvaux, conseillère communale cdH, confirme qu’une rencontre sur le terrain à eu lieu avec une discutions constructive.
Des discutions également entre les cafetiers et le bourgmestre lors d’une réunion le mardi 17 septembre. Constructives ici aussi (vous pouvez lire l’article de LaMeuse ou celui de L’Avenir… qui sont identiques!).
Si chacun s’accorde désormais à reconnaitre les limites d’une heure de fermeture du Carré, il n’en reste pas moins que les problématiques sont présentes et des solutions doivent être trouvées.
De mon côté, j’ai assisté à un Afterwork organisé par le MR-Liège « Un avenir radieux pour le Carré?« . Durant 2h, différents intervenants ont exposés sur trois axes principaux: la sécurité (publique et privée), le commercial et la santé. [Vous pouvez lire mon compte rendu ici]
Si la police commence à se sentir au bout de ses possibilités malgré des plans d’actions précis (modification des patrouilles selon les heures et jours, plan respect 16 tourné vers les jeunes, etc), son représentant estime que la prévention devrait être une priorité (y compris, pourquoi pas, dans les écoles). Prévention soutenue par les services de sécurité privé pour lesquels les patrons de café investissent des sommes importantes malgré les limites d’intervention posées par la loi.
Comme le rappela l’UCM –Union des Classes Moyennes-, la Carré est une zone économiquement importante et porteuse d’emploi, dans laquelle il ne faut pas oublier les commerces non-HORECA. L’UCM qui s’inquiète de la responsabilité pensant presque uniquement sur les cafetiers pour la vente de boissons alcoolisés au moins de 16 ans et du manque d’un véritable contrôle du côté des « Night » ou « DVD shop » (les « pakis »). Leur présence ne présente pas un véritable problème aux cafetiers, plutôt satisfait d’avoir des dépanneurs en cigarettes et chips à proximité. C’est la concurrence déloyale par la vente d’alcools à prix très réduit qui pose un véritable soucis car ils sont consommés en rue et rapidement. Il s’agit souvent d’alcool plus fort et en bouteille… ces fameuses bouteilles « qui volent ». L’occasion de pointer aussi le problème de la propreté et le manque de poubelles dans le Carré.
Des alcools qui, avons-nous appris, modifient fortement les comportements en s’attaquant au système nerveux à tel point que 10% (!) des décès chez les 18-25 ans y trouve directement ou non leur origine! Les effets de l’alcool étant particulièrement aggravés chez les 13-15 ans, le docteur Devos (1) est défenseur d’une tolérance zéro pour l’alcool chez plus jeunes. Pour lui aussi, la prévention, par l’éducation et l’information des jeunes mais aussi des familles, est une des solutions. Ainsi que la réduction des points de vente à bas prix. Le Carré n’est que la pointe visible de l’iceberg car les jeunes (et moins jeunes) consomment de l’alcool aussi dans les kots, les appartements et tant d’autres lieux!
Un projet mêlant prévention et réduction des risques, c’est le label « Quality Night » qui commence à s’implanter dans le Carré (ainsi qu’au Cadran). Comment souvent, c’est les difficultés de financement qui font que cette intéressante initiative n’est pas présente partout dans le Carré.
Beaucoup ont regretté un sentiment d’impunité. Certains auteurs de troubles sont mineurs, les procédures sont différentes des majeurs et les réactions judiciaires ne sont pas toujours assez fermes. La police, au vu de ses effectifs, doit parfois faire le choix de ses priorités d’intervention et les agents de sécurité privé ont un rayon d’action trop limité.
Enfin, il était bon de rappeler que si des personnes passent la nuit dans le Carré c’est aussi parce « qu’elles n’ont pas le choix« ! Celui qui souhaite reprendre les transports en commun plutôt que le volant après avoir bu (choix judicieux!!) doit parfois attendre jusqu’à 6 heures du matin pour trouver un bus!
Quand on voit ses différentes réunions et discutions, on se rend compte que des solutions pour améliorer la situation existent mais que celles-ci dépendent de plusieurs niveaux de pouvoir.
Le Fédéral: Par une adaptation des lois régissant la sécurité privé (tout en se préservant de l’abus de milice privée!), par le contrôle via le SPF économie des « Night / DVD shop » (respect de la loi, problème de concurrence) mais aussi, et surtout, par des campagnes d’information contre l’alcoolisme et sur l’usage de l’alcool devant les plus jeunes. (2)
La Région: En soutenant clairement la mobilité, y compris nocturne ce qui profitera aux fêtards mais aussi aux travailleurs qui ont des horaires décalés!
La Communauté: Par un programme de prévention au sein des écoles.
La Province: Qui doit continuer à soutenir un projet comme « Quality Night »
La Ville: Par différents projets avec la police et les cafetiers mais aussi par des actions simples comme le placement de poubelles dans le Carré car, effectivement, un Carré plus propre sera plus conviviale!
Mais aussi à notre propre niveau: Par notre comportement, notre éducation et celle que l’on donne.
Un sujet d’ailleurs qui n’a pas encore été abordé et qui, selon moi, est aussi important, c’est la responsabilité que nous avons entre nous. Quand je sors avec des ami(e)s dans le Carré (et ailleurs), nous veillons les uns sur les autres par des gestes simples: la surveillance de nos vestes pour éviter les vols, raccompagner à sa voiture une amie et plus globalement éviter de laisser quelqu’un seul, ne pas laisser reprendre le volant celui qui a trop bu, etc… Pourquoi ne pas envisager ici aussi des campagnes de sensibilisations?
La réflexion sur le Carré n’est pas finie mais avec les bonnes volontés des différents acteurs, un avenir meilleur est possible!
Notes
(1) Le Docteur Philippe Devos est anesthésiste-réanimateur au CHC, ancien conseiller communal MR de Liège et ancien président de comité de baptême estudiantin.
(2) Concernant le Fédéral et un des points du label « Quality Night », je me demande quand l’un de nos gouvernements va se décider à légiférer sur un accès raisonnable dans l’HORECA à une boisson non alcoolisée. En France, par exemple, un verre d’eau du robinet est gratuit et ne peut pas vous être refusé. En Italie, pour 2 euro ou moins, vous n’aurez pas un verre d’eau mais un litre (ou parfois 90cl mais bon…). Chez nous, je pourrais vous citer de nombreux exemples où la boisson la moins chère est… un verre de bière!
Monsieur Gustin nous expliqua lors de l’afterwork que la mise à disposition d’eau gratuite représente un coût très faible, pourquoi ne pas l’envisager? Pour en savoir plus:
La page Facebook Non à un « couvre feu » dans le Carré Liégeois
Le site du Label « Quality Night »
Le site « Vigilis » pour vous informer sur la sécurité privé ou en cas de problème avec celle-ci
Le site Aide-Alcool
La page avec le compte rendu complet de l’Afterwork du MR-Liège « Un avenir radieux pour le Carré? »